Editorial:
Sainte Jeanne d'Arc
Dieu
est l'auteur et le maître du temps. Quand
Il a un dessein spécial pour une âme,
Il montre son indépendance vis-à-vis
du temps tel que nous l'utilisons.
Au cours de l'année 1888 un grand théologien
allemand, Matthias J. Scheeben, nous quitta en nous
laissant un appréciable ouvrage de théologie
réalisé sur des années. Cette
année-là, une jeune fille de 15 ans
entrait au Carmel de Lisieux ; elle mourut avant
d'avoir atteint sa vingt-cinquième année
; elle n'avait aucune science théologique.
Elle est Docteur de l'Eglise.
Parmi les personnages favoris de l'histoire de France
de Thérèse de Lisieux, existait une
jeune fille qui mourut encore plus jeune qu'elle
: Jeanne d'Arc qui quitta ce monde à 19 ans.
Elle mourut en disgrâce ; aujourd'hui, on
trouve sa statue dans toutes les églises
de France. Elle a beaucoup à nous apprendre.
Pour ceux qui, comme moi, aiment la France et se
sentent immensément reconnaissants vis-à-vis
de ses Saints, ses théologiens, ses sanctuaires
mariaux, la première évidence c'est
que Dieu aime ce peuple d'un amour extraordinaire
; ce titre de "Fille aînée de
l'Eglise" a une intense signification ; à
travers les âges, les preuves de la faveur
divine sont si nombreuses : Paray le Monial, la
Basilique de Montmartre, La rue du Bac, La Salette,
Notre-Dame des Victoires, Lourdes, Pontmain, Lisieux
et tant d'autres !
Sainte Jeanne d'Arc nous enseigne le devoir de patriotisme
qui fait partie intégrante de l'attitude
chrétienne. Nous avons le devoir de servir
notre patrie, ceci dans son meilleur intérêt.
Poussé trop loin, le patriotisme a été
quelquefois confondu avec le nationalisme qui est
absolument différent et qui, ainsi que nous
l'avons constaté et le constatons encore,
amène souvent à l'injustice, aux méfaits
et même aux massacres.Un faux nationalisme
fut à l'origine de l'Holocauste pratiqué
par les nazis dont le but était d'exterminer
le peuple Juif. Ceci n'a rien à voir avec
le patriotisme qui consiste à servir son
pays mais non pas au détriment des autres.
Sainte Jeanne d'Arc avait un charisme, elle avait
été spécialement choisie pour
recevoir un divin message concernant très
évidemment son pays. Dans l'histoire de la
chrétienté, il n'existe pas d'intervention
divine similaire. Comme tous ceux qui ont reçu
les faveurs de Dieu, elle s'exposait à la
malveillance du monde. Il est dit communément
qu'elle était la victime des Anglais ; ils
l'ont fait périr sur le bûcher et furent
ceux qui y mirent le feu. Mais elle a été
condamnée comme sorcière par Pierre
Cauchon, évêque de Beauvais, ancien
recteur de la Sorbonne dont l'ambition n'avait d'égal
que le cynisme et qui fut soutenu dans sa déplorable
action par bon nombre de théologiens. Par
une ironie du sort, cet individu a sa tombe à
Lisieux. Il a été le persécuteur
de la sainte et l'a traitée fort injustement.
Il y a une leçon à tirer de ceci pour
tous ceux qui ont toute autorité pour examiner
ceux qui reçoivent des messages divins.
Vatican II, dans sa "Constitution sur l'Eglise"
et dans ses "Décrets sur l'Apostolat
des laïcs et sur le Ministère et la
Vie des Prêtres" donne un vigoureux enseignement
à propos des charismes des laïcs et
sur les devoirs des prêtres envers eux. Le
résultat est malheureusement assez lamentable.
Certains de ceux qui reçoivent les faveurs
de Dieu, sont traités injustement et j'en
parle par expérience. L'horrible façon
dont fut traitée Jeanne d'Arc devrait servir
d'avertissement ; je crains fort que l'on n'en fasse
pas souvent grand cas.
Je voudrais terminer par une note d'espoir. Il circule
une prophétie parmi les âmes privilégiées
de Dieu en France ; c'est qu'un jour, se lèvera
le sauveur de ce pays et il portera le nom d'Henri
V. Si cette prophétie se réalise,
cet homme viendra renouveler la mission de sainte
Jeanne d'Arc ; il viendra justifier et accomplir
l'œuvre d'une apôtre de notre temps,
Olive Danzé, Sœur Marie du Christ Roi,
condamnée à l'exil et à l'oubli.
Un Français patriote invoquera sûrement
le saint préféré de Jeanne,
celui qu’elle appelait « Monseigneur
Saint Michel » a été restauré,
à notre siècle, sur la propre demande
du Prince de la milice Céleste. Au sommet
du sanctuaire, on peut admirer la statue de l’Archange
exécutée par Frémiet. Saint
Michel avait personnellement demandé des
dessins du projet et c’est lui qui a choisi
celui qui lui plaisait. C’est un Chef-d’œuvre
de puissance et de beauté.
Père Michael O'Caroll C.S.Sp.
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